Citations

«Il faut toujours faire confiance aux scénaristes qui lisent.» Alessandro Baricco. Une certaine vision du monde.

vendredi 17 août 2012

Merci Christiane




En attendant la rentrée, sans trop savoir de quoi elle aura l’air (il semble que si les Cégeps retournent en classe, les universités déjà en grève reconduisent les mandats de grève), je fais le ménage de mon bureau.

J’ai trouvé 2 feuilles de papier coincées entre 2 dossiers. Ce sont des notes que j’avais prises lors de la Journée de la valorisation de l’enseignement à l’UQO en 2010. Des notes de la conférence de Christiane Melançon, ma collègue en traduction et rédaction qui est décédée l’année dernière à l’âge de 52 ans.

C’est idiot comment un vieux papier froissé peut remuer des souvenirs et faire surgir toute une gamme d’émotion.

Lorsque j’ai été engagé en 1999, les professeurs en arts et en lettres se côtoyaient à l’intérieur du département des sciences de l’éducation.  Lors de ces premières années, nous avons tenté de former un département conjoint entre les arts et les lettres. Ce qui n’a pu se faire, notamment en raison des laboratoires et ateliers qui se retrouvaient dans les deux pavillons. Cela aurait été trop coûteux de déménager l’un ou l’autre des secteurs. Les Lettres ont créé leur département en 2002 et nous avons fondé l’ÉMI en 2003.

J’ai souvent côtoyé Christiane par la suite. Elle avait un projet de création d’un programme en littérature et m’en parlait parfois sachant que mes études étaient en études littéraires. Je ne sais pas où en est ce projet aujourd’hui.

Notre amour de la littérature et du livre nous a amenés à nous croiser à plusieurs reprise au Salon du livre de l’Outaouais, au Prix littéraire Jacques-Poirier et sur différents comités et/ou réunions culturelles et/ou universitaires.

Nous étions également directeur et directrice de nos départements respectifs à une certaine époque.

Puis, à l’hiver 2010, elle avait accepté de collaborer avec moi (et avec plusieurs autres partenaires) pour l’organisation d’une conférence sur la littérature haïtienne afin de ramasser des fonds suite au tremblement de terre de janvier 2010. En mars de cette année, Stanley Péan était venu à l’université pour présenter une fort intéressante conférence.

J’étais au Viet Nam en juin 2011 lorsque j’ai appris son décès et je n’ai pas pu assister aux funérailles. Je n’ai donc pu lui dire au revoir. Mais je pense souvent à elle. Je suis heureux d’avoir retrouvé ces notes. Je les partage ici, en vrac.

Merci Christiane.

Les trucs du métier et les erreurs à éviter

Elle avait débuté sa présentation avec une citation de Pierre Bourgault : «Un bon professeur transmet la passion et le doute.»

Ce qu’un professeur doit se dire : Je ne sais pas tout, mais je connais ma matière et surtout, j’ai appris à apprendre.

Se rappeler ce que c’est de ne pas savoir.

Déconstruire la connaissance et la reconstruire pour l’étudiant et avec l’étudiant et non pas seulement devant l’étudiant.

Les erreurs à éviter.

Le manque de préparation, le doute mal placé; la complexité mal à propos.

La distance mal gérée. Trop loin des étudiants : arrogance et mépris. Trop près des étudiants : l’erreur du professeur trop copain.

La négociation.

La réduction des exigences.

Le dénigrement des étudiants, des collègues, de l’université.

Les ambiguïtés dans le discours et le comportement.

L’obstination.

Je me souviens qu’il est ressorti de cette conférence, un grand respect de Christiane envers ses étudiants.

Je complète avec des notes tirées de l’autre feuille qui accompagnait celle de Christiane. Autre erreur à éviter : bien prendre en note les sources et ne pas laisser des feuilles flotter en dehors des dossiers. Je ne parviens pas à me rappeler de l’auteur de la conférence d’où sont tirées ces notes. Mais je les conserve, car je les trouve importantes.

L’attitude du professeur : fierté de ce que l’on sait et humilité de ce que l’on ignore dans le respect de l’autre.

Les étudiants sont ignorants : je sais des choses qu’ils ne savent pas. L’ignorance est un manque de connaissance, pas une maladie. Nous sommes toujours l’ignorant de quelqu’un.

Les étudiants sont savants : ils savent des choses que j’ignore.

Réponse : l’amateur a réponse a tout, tout de suite. Le professionnel commence pas «ça dépend» et va poser une série de questions.


Maintenant que ces notes sont sur ce blogue, je ne peux plus les perdre.

Et j’ai bien hâte de retrouver mes étudiants afin de partager tout cela. Que ce soit en classe ou dans la rue.

Et encore merci Christiane.

jeudi 9 août 2012

M. Charest et le dictionnaire



 Jean Charest vient encore de faire une mise au point au sujet des termes «boycott» et «grève».

On peut-tu /sic/ s’entendre sur une chose: c’est pas une grève. Ça jamais été une grève. Non, c’est pas une grève. C’est parce qu’il faut s’entendre, faut employer les bons mots. Nous ne sommes pas des employeurs des étudiants. Les étudiants ne sont pas nos employés. C’est un boycott. Alors, employons les bons mots, là. C’est un boycott. (Cité par Josée Legault sur son blogue.)

Josée Legault démontre bien que le dictionnaire n’est pas d’accord avec monsieur Charest et qu’il reconnaît le terme «grève étudiante». Mais Charest n’aime pas les définitions du dictionnaire et préfère celles du Code du travail. Ce que l’on observe également parmi certains commentaires au billet de Josée Legault. Parce que le terme «grève» y est défini d’une façon qui lui convient :

«grève»: la cessation concertée de travail par un groupe de salariés.

Les étudiants ne sont pas des salariés, ils ne cessent pas de «travailler» donc ils ne font pas la grève. CQFD.

Pourtant.

Nulle part dans le Code du travail n’est défini le terme «étudiant». Le Code du travail régit les employeurs et les employés. Or, Jean Charest lui-même le dit : «Nous ne sommes pas des employeurs des étudiants. Les étudiants ne sont pas nos employés.» Alors pourquoi utiliser les définitions du Code du travail ? Cette définition n’a de valeur qu’à l’intérieur du Code du travail.

Ce qui encadre les associations et leur droit de grève se retrouve plutôt dans la Loi sur l'accréditation et le financement des associations d'élèves ou d'étudiants. Or celle-ci indique que :

« 28. L'établissement d'enseignement doit reconnaître l'association ou le regroupement d'associations d'élèves ou d'étudiants accrédité comme le représentant, selon le cas, de tous les élèves ou étudiants ou de toutes les associations d'élèves ou d'étudiants d'un groupe visé à l'article 2.1 ou de l'établissement. »

Or les étudiants et étudiantes, membres de l’AGE-UQO ont voté une Grève générale illimitée. L’Association représente tous les étudiants et étudiantes. Ce n’est pas un boycott, c’est une grève. Et je la respecterai. Quelles qu’en soient les conséquences.

Pas parce que je veux être payé à ne rien faire, L’enseignement ne représente que 25% de ma tâche annuelle.  Les 3 autres composantes de ma tâche (recherche, administration et services à la collectivité) peuvent très bien m’occuper cet automne.

Non, je respecterai la décision des étudiants et étudiantes parce que je crois au mouvement étudiant.

Et parce que je veux être intègre avec moi-même.

Aux étudiants et étudiantes de décider.