Citations

«Il faut toujours faire confiance aux scénaristes qui lisent.» Alessandro Baricco. Une certaine vision du monde.

samedi 26 mai 2012

Je prête serment !



 Laurent Proulx, premier injonctionniste de sa majesté la marchandisation du savoir a écrit ceci sur le compte twitter de ma collègue Stéphanie Demers :

«Je ne discute pas avec ceux qui trahissent un serment. Vous êtes un foncrionnaire du mels, votre attitude est innaceptable.» [sic]

Ce message m’interpelle, évidemment. J’aimerais lui signaler que les professeurs d’université n’ont pas à prêter serment. Du moins, moi je ne l’ai jamais fait. Où plutôt, oui. Je prête serment au début de chaque année universitaire. Je prête serment à mes étudiantes et à mes étudiants. Je leur jure de partager mes connaissances, d’ouvrir leurs horizons et, surtout, de développer leur esprit critique.

En ce sens, la session n’a pas été suspendue.  C’est seulement la salle de classe qui a été agrandie et qui occupe maintenant tout le territoire de la province.

Quant à la deuxième partie de la citation de Francis Proulx, non, je ne suis pas un fonctionnaire du MELS (Ministère de l’Éducation, des loisirs et du sport).

Voici une citation tirée du texte de Christian Rioux dans Le Devoir du 25 mai 2012. Elle est extraite du livre de Simon Leys, Le studio de l’inutilité :

«En Angleterre, un fringant ministre de l’Éducation qui était venu rencontrer le corps professoral d’un établissement plus que centenaire commença son discours en saluant les employés de l’université. Un professeur l’interrompt aussitôt : «Excusez-moi, Monsieur le ministre, nous ne sommes pas les employés de l’université, nous sommes l’université«!

 Le débat est plus large que la question des droits de scolarité. C’est la philosophie même du rôle de l’université, des professeurs et des étudiants qui trouve écho dans le bruit des casseroles que l’on entend un peu partout ces derniers jours.

Et pour terminer aujourd’hui sur ma vision de l’université, vision que ne date pas du début de la grève, une citation avec laquelle j’avais inauguré mon blogue en janvier 2010. Elle est tirée du livre d’Aline Giroux, Le pacte faustien de l’université :

«À ceux qui pensent qu’avec une discipline plus stricte les jeunes pourraient acquérir plus de connaissances, Schleiemacher répond que le but des études universitaires n’est pas d’acquérir une masse de connaissances, mais bien d’«éveiller chez les jeunes […] une vie toute nouvelle, un esprit supérieur et scientifique. Or cet éveil suppose, comme condition nécessaire, un climat de pleine liberté d’esprit.»
On peut également lire «Le devoir de philosophie» dans Le Devoir d’aujourd’hui portant sur John Rawls et écrit par le professeur de philosophie de l’Université de Montréal, Michel Seymour.

Bonne fin de session à tous mes étudiantes et étudiants.

4 commentaires:

  1. Bravo Sylvain, quelle excellente synthèse de ce qu'est la profession de professeur(e) et de ce qu'est l'université!

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  2. Bravo Sylvain, je suis parfaitement d'accord avec toi. L'indépendance d(es) esprit(s) est le fondement même de l'université.

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  3. Excellente citation d'Aline Giroux à laquelle j'adhère entièrement.

    Salutations !

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