Citations

«Il faut toujours faire confiance aux scénaristes qui lisent.» Alessandro Baricco. Une certaine vision du monde.

vendredi 5 mai 2017

Claude Haeffely et la bande dessinée québécoise


 J’ai appris avec tristesse cette semaine le décès du poète Claude Haeffely à l’âge de 90 ans. Dans les différents hommages qui commencent à lui être rendus dans les médias, on parle beaucoup de sa poésie, de son implication en tant que fonctionnaire culturel ainsi que de sa très grande amitié avec Gaston Miron. Mais nulle part, encore, n’est fait mention de son bref mais percutant passage dans la bande dessinée québécoise.

C’est Claude Haeffely qui, au milieu des années 1960 rassemble autour de lui de jeunes artistes en arts visuels, André Montpetit, Marc-Antoine Nadeau et Michel Fortier afin de créer le groupe du Chiendent. C’est d’abord dans sa galerie de la rue Peel que Claude Haeffely reçoit ces jeunes  artistes et d’autres, plus établis tel Léon Bellefleur, pour présenter deux expositions tournant autour de l’humour : Portraits de famille en octobre 1966 et Trumeaux XXième siècle en février 1967.

Puis, en 1968, Claude Haeffely va écrire des scénarios qui seront mis en images par  ses trois compères. Des œuvres résolument modernes, tranchant nettement avec ce que le Québec avait connu en terme de production de bande dessinée jusque là et qui seront publiées dans différents magazines, notamment Perspectives, Le MacLean, Quartier latin, Québec Presse, Ars, Culture vivante, La Barre du jour et la revue de bande dessinée L’Écran. De 1968 à 1974 nous retrouvons une vingtaine de récits issus de ce groupe. N’ayant pas réussi à intéresser des éditeurs à leurs projets, considérés trop onéreux à produire et probablement trop modernes par ces derniers, ils continueront, chacun de leur côté à vaquer à leurs occupations artistiques sans revenir à la bande dessinée.

Ce bref passage, par contre, aura contribué à cette entrée de la bande dessinée québécoise dans la modernité. Tous les essais portant sur le neuvième art québécois publiés depuis mentionnent la production du groupe du Chiendent en tant qu’élément déclencheur de cette époque qui sera nommée dans les livres d’histoire,  le Printemps de la bande dessinée québécoise.

L’année dernière j’ai publié un livre sur le groupe duChiendent aux éditions Mém9ire et Saël Lacroix a réalisé un magnifique documentaire sur André Montpetit ce qui a permis de remettre à jour la contribution de ce poète au neuvième art québécois. Le Festival de la  bande dessinée francophone de Québec a d’ailleurs remis son prix hommage Albert-Chartier au groupe du Chiendent lors de son édition 2016.

Le poète figurera ainsi toujours au firmament du neuvième art québécois, firmament  qu’il aura traversé telle une étoile filante.




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