Citations

«Il faut toujours faire confiance aux scénaristes qui lisent.» Alessandro Baricco. Une certaine vision du monde.

jeudi 26 novembre 2020

Non, l'Université n'est pas une business

Réponses données à mes étudiants déçus de payer le même montant en frais de scolarité pour une session en virtuel. Originalement publiés sur Facebook. 


Je comprends la perception. Mais. Les universités doivent payer leurs employés et leurs professeurs de la même façon qu'avant. Elles doivent parfois donner plus d'argent aux chargés de cours pour la transformation de leurs cours en ligne ou pour du temps de correction supplémentaire. Elles ont dû développer des formations et du soutien pour les enseignants. Elles ont dû investir dans des logiciels et des solutions informatiques. On a offert plus d'une centaine de licences Adobe pour nos étudiants à l'ÉMI. Ça coûte cher. Elles ont dû s'assurer que leurs employés possèdent tout le matériel nécessaire pour offrir leurs services (surtout aux étudiants) de la maison. J'ai donné plus d'heures aux auxiliaires pour le soutien aux étudiants. Et il y a énormément de coûts associés à la désinfection et aux équipements de protection. L'UQO ne va pas sortir plus riche de la pandémie. Au contraire. Je me suis toujours battu pour que l'université ne soit pas une business, mais un lieu de partage et de création du savoir. Et je vais continuer. Mais la pandémie nous oblige à transformer nos façons de faire pour le moment. Et je peux t'assurer que les étudiants sont au coeur de nos préoccupations et qu'ils le demeureront.


Ça me fait plaisir. Je comprends très bien la frustration que les étudiants peuvent ressentir. Mais ce qui se passe en ce moment, est justement le contraire d'une université qui se comporterait comme une entreprise. Une université, ce n'est pas du béton. C'est une communauté d'étudiants et de professeurs. Ce sont des rencontres, des transmissions d'informations et des débats. Ce qu'offre l'université en ce moment, c'est la même chose, mais différemment. En virtuel. Avec des coûts autres que d'habitude. Mais les rencontres entre étudiants et professeurs, les discussions, les recherches, tout cela existe toujours. Paradoxalement, c'est si l'université offrait un rabais pour la session en non-présentiel qu'elle se comporterait comme une entreprise, qu'elle répondrait aux demandes d'une clientèle. Tout est une question de perception. De mon côté, je sais que j'ai livré la même matière que d'habitude, mais je crois, d'une façon plus intéressante.

Tif et Tondu. Quand Tif s'envoyait en l'air

Dans le cadre de mon cours sur la bande dessinée : perspectives socio-historiques, nous abordons les cas de censure et de législation concernant la bande dessinée, notamment la Loi du 16 juillet 1949 en France et la création du Comic Code Authority en 1953 aux États-Unis.

Nous regardons aussi certains exemples de bandes dessinées américaines retouchées par des artistes français pour répondre aux critères des censeurs. 

Nous évoquons aussi quelques cas célèbres d'albums publiés en Belgique qui n'ont pu se vendre en France comme le Billy the kid de Lucky Luke (Billy, bébé, suçant un revolver) et Boule et Bill (cruauté envers les animaux parce qu'on donne du savon à manger au chien).

Tout cela se passe dans les années 1950 et 1960.

Mais il m'est revenu une anecdote de mon adolescence dernièrement et je ne retrouve rien sur le sujet. Je la partage ici.

En 1983 (j'ai 13 ans), je suis abonné à Spirou. J'y lis la nouvelle aventure de Tif et Tondu, Swastika, de Will et Desberg. Elle est publiée du numéro 2339 (10 février) au numéro 2349 (21 avril).

Les héros poursuivent un groupe néo-nazi et un Hitler qui ne serait pas mort dans son bunker. Dans la jungle sud-américaine, ils y croisent une tribu d'Amazones. Comme il n'y a plus d'hommes, la tribu pourrait disparaître. Tif y séjournera quelques temps. Même si rien n'est dit et que rien n'est montré, la dernière case du récit est très éloquente.



À la fin de l'année, par contre, après avoir acheté l'album et avoir relu l'aventure, j'ai senti une légère différence avec la fin. Je suis donc retourné dans les pages de Spirou pour confronter mes souvenirs. J'avais bien raison. Will avait re-dessiné la dernière case.


Il était encore trop tôt pour des allusions à la sexualité des héros de bande dessinée. Mais cela a été publié dans un journal tout public alors que c'est dans l'album que la transformation a été effectuée.


Dans un prochain billet, nous regarderons le modèle économique mis en place par les éditeurs de bande dessinée franco-belges entre les années 1950 et 1990. Ils vendent d'abord une aventure dans le journal et la revendent ensuite en album. Ey comme si ce n'était pas assez, les invendus du journal sont aussi revendus en recueils. Et moi, j'achetais toutes les versions ;-)