Citations

«Il faut toujours faire confiance aux scénaristes qui lisent.» Alessandro Baricco. Une certaine vision du monde.

jeudi 21 novembre 2013

Lyon, aphone

Petit séjour à Lyon pour participer à un colloque sur les festivals de bande dessinée dans le cadre des Entretiens Jacques-Cartier.

Le problème c'est que je me remets d'une pneumonie et que, si les antibiotiques m'ont complètement guéri, je souffre d'une extinction de voix. Or, on m'a invité pour parler. Je me pratique donc à mimer l'histoire du Rendez-vous de la bande dessinée de Gatineau et son impact sur l'ÉMI. Je me croise les doigts pour que la voix revienne d'ici à mardi parce que je ne suis pas un très bon mime.

Parlant des Rendez-vous de la bande dessinée de Gatineau, je reviens juste à temps pour la onzième édition. Beaucoup d'activités de l'ÉMI. Notamment, l'inauguration de la Bédéthéque québécoise dont vous pouvez lire l'histoire dans le message précédent.

Au plaisir de vous y croiser.

lundi 11 novembre 2013

Petite histoire de la Bédéthèque québécoise de l’Université du Québec en Outaouais


 Il y  a maintenant vingt ans que je m’intéresse, de façon académique, à la bande dessinée québécoise puisque c’est en 1993 que je proposai à André Carpentier, de l’UQÀM,  d’écrire mon mémoire de maitrise sur l’œuvre de Réal Godbout et Pierre Fournier.

À l’époque, il était difficile de trouver de la bande dessinée québécoise en librairie. Quelques nouveautés, parfois, et jamais de fonds. Je passai donc de longues journées à la Bibliothèque nationale du Québec, sur la rue St-Denis pour les monographies et sur la rue Mont-Royal pour les périodiques. Mais tout n’était pas disponible et ce n’était pas toujours bien indiqué ce qui relève de la bande dessinée et du livre illustré. Durant ces années, je me mis également à écumer les librairies de livres usagés et, au fil des années, je commençai à monter une collection intéressante.

*

Anecdote : À la Bibliothèque nationale, il fallait remplir une petite fiche et un employé allait nous chercher l’ouvrage demandé. Un jour, autour de 1995, je crois, à l’édifice Aegeidus Fauteux je demandai la revue «Ma®de in Kébec», revue de bande dessinée québécoise datant de 1973. La bibliothécaire revint en me disant que cette revue était présentement empruntée. J’étais étonné que quelqu’un d’autre que moi s’intéresse à ce titre. Je regardai dans la salle et je vis un homme, sensiblement du même âge que moi, avec tous les numéros de la revue devant lui. J’allai le voir.

            -Bonjour. Vous avez emprunté la revue que je voulais consulter. Je m’appelle Sylvain Lemay et je fais une maitrise en littérature sur la bande dessinée québécoise.

            -Enchanté. Je m’appelle Michel Viau et je fais de la recherche pour écrire un répertoire des publications de bande dessinée au Québec.

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En 1997, je réussis à convaincre les deux professeurs du GÉRI (Groupe de recherche pour l’Étude des Récits en Images) Yves Lacroix et Philippe Sohet de l’UQÀM de créer un Centre de documentation sur la bande dessinée québécoise à l’intérieur du local du groupe de recherche. Yves Lacroix, André Carpentier, Jacques Samson et Bernard Dubois que j’avais contactés, ont tous donné des livres pour compléter la collection. Mais en 1999, je quittai pour Gatineau. Le Centre a survécu quelques années, notamment grâce à une étudiante du groupe, Annabelle Martin. Mais Annabelle a terminé ses études, Yves Lacroix a pris sa retraite et les activités du groupe de recherche se sont raréfiées.

J’ai donc ramené tous ces livres à Gatineau et je les ai entreposés dans mon bureau. J’étais donc seul à pouvoir les consulter. J’en prêtais souvent à des étudiants, mais la majorité de ces bouquins s’empilaient sur les étagères de mes bibliothèques ou dans des boîtes.

Puis, en 2008, nous avons inauguré en grande pompe l’acquisition par la bibliothèque de l’intégrale du journal de «Spirou», de 1938 à aujourd’hui. J’en étais, évidemment, très fier. Mais cela restait un patrimoine belge et non québécois. Quelques temps après, je contactai donc la bibliothèque pour lui offrir ma collection de bandes dessinées québécoises. Surtout que j’avais reçu des dons dans le cadre du Centre de documentation, dons qui avaient été faits pour que ces livres puissent être consultés, ce qui n’était pas le cas avec ces boîtes dans mon bureau.

Cinq ans plus tard (et plusieurs bibliothécaires et directeurs différents) ce projet est finalement une réalité, grâce notamment à Emanuela Chiriac, la bibliothécaire du secteur des arts qui a cru en ce projet depuis son arrivée et qui le porte à bout de bras depuis plusieurs mois et Daniel Godon, l’actuel directeur de la bibliothèque de l’université.

L’inauguration du 30 novembre prochain n’est qu’une étape dans la constitution de cette bédéthèque. Toutes les revues et les albums québécois que possédait déjà la bibliothèque ont été rassemblés en un endroit. En ce moment, environ la moitié du don a été traité (c’est un processus très long) et plusieurs documents ont été ou seront restaurés. La bibliothèque va continuer d’acheter des nouveautés et compléter le plus possible les ouvrages marquants qui nous sont manquants. La bibliothèque fera aussi affaire avec la Fondation de l’Uqo pour l’achat ou la restauration D’ouvrages plus rares et plus chers.

On continuera donc d’y travailler, mais les étudiants et les chercheurs universitaires ont, dès maintenant une bonne partie de la bande dessinée québécoise à leur disposition.

Et pour moi c’est la concrétisation d’un projet que je caresse depuis deux décennies. Comme quoi, il faut être patient dans la vie.

Au plaisir de vous croiser lors de l’inauguration le 30 novembre prochain. Cet évènement s’inscrit dans le cadre des Rendez-vous de la bande dessinée de Gatineau. À 16h, il y aura une table ronde sympathique avec Jacques Samson et Michel Viau et, à 17, un vin d’honneur sera servi.