Ce texte a été publié dans Le Droit ce matin.
La récente volonté de la Ville de Gatineau d’étudier la possibilité de nommer des rues en l’honneur de personnages de bande dessinée ne reçoit pas que des appuis. Ainsi, Monsieur Jules Guitard utilise, dans une lettre au Droit (11 mars 2010), les qualificatifs «ridicule», «saugrenue» et «loufoque» pour parler de cette idée. Il poursuit en indiquant que cela est «complètement étranger à notre contexte» et termine en précisant qu’il est «un témoin qui a gardé les pieds sur terre».
Bien que respectant son opinion et comprenant que cela puisse faire sourire, j’aimerais apporter quelques précisions sur une idée que je ne trouve pas si loufoque et, surtout, pas si étrangère à Gatineau que cela.
Débutons en rappelant que l’Université du Québec en Outaouais (UQO) est la seule université au Québec à offrir une formation en bande dessinée et ce, depuis 1999. Nos diplômés s’affirment de plus en plus sur la scène québécoise et internationale. Les échos de leurs publications font très souvent référence à Gatineau, à l’École multidisciplinaire de l’image (ÉMI) et à l’UQO associant de plus en plus la bande dessinée à notre ville. La qualité de notre programme nous a également permis de signer des ententes bilatérales avec de prestigieuses écoles à Bordeaux et à Bruxelles, échanges qui permettent à certains de nos étudiants d’étudier une session en France ou en Belgique et, à nous, de recevoir des étudiants étrangers contribuant, là encore, à positionner notre ville sur le plan international en regard de la bande dessinée.
La ville de Gatineau est également l’une des deux seules villes du Québec, avec Québec, à posséder un festival consacré au neuvième art. Aucune autre ville n’avait réussi à organiser un festival plus de quatre années consécutives (Montréal entre 1975 et 1978). À Gatineau, nous venons de tenir notre dixième édition en octobre dernier. Depuis 2000, date du premier festival, la ville de Gatineau a reçu la visite de plus d’une centaine d’auteurs de tous les coins du Québec, du Canada, de France, de Belgique, de Suisse, d’Italie et de Finlande. Ces auteurs continuent d’agir en ambassadeur de Gatineau en retournant chez eux parce que la qualité du festival est maintenant reconnue par tous les acteurs du milieu.
La ville de Gatineau possède également, avec le Studio coopératif Premières lignes, l’une des deux seules maisons d’édition québécoises se consacrant uniquement à la bande dessinée avec La pastèque de Montréal. Cette maison possède un catalogue de plus d’une trentaine de titres et a déjà été en nomination pour le prix de la maison d’édition de l’année au Canada aux Shuster Awards de Toronto. C’était en 2006.
La bande dessinée est donc très présente à Gatineau et est devenue, au fil des années, une caractéristique importante de son identité. Nommer des rues avec les noms de personnages qui ont marqué, qui marquent et qui continueront de marquer l’imaginaire des Québécois ne me semble pas si farfelu. Et à la vitesse du développement résidentiel à Gatineau, il me semble que nous ne manquerons pas de rues pour honorer également la mémoire de Gatinois exemplaires. Mon seul souhait est que, si cette idée devient réalité, l’on fasse une place à des héros québécois. Je verrais d’un bon œil une rue Onésime, personnage d’Albert Chartier à qui l’UQO a décerné un Doctorat Honoris causa en 1999.
Quant au dossier du «boulevard Bobino» qui refait surface par association ces jours-ci, signalons que ce personnage a également été un héros de bande dessinée. Deux albums sont parus en 1973 et 1974. Et le créateur du personnage, Michel Cailloux, vient de recevoir le titre de Chevalier des Arts et des Lettres de la part du gouvernement français qui ne semble pas avoir eu peur du ridicule en lui conférant cet honneur.
Et je terminerai en disant que si l’Homme avait toujours gardé les pieds sur Terre, il ne serait jamais allé sur la Lune.
Seigneur, Sylvain... Envoie cette lettre au devoir!
RépondreSupprimerEt puis, la BD a bel et bien sa place à Gatineau, pour toutes les raisons que tu as citées ici.
Que ce soit ridicule, mais qu'est-ce que ça peut bien faire. Le ridicule ne tue pas, ça se saurait.
De plus, s'il est ridicule de nommer une rue 'Boulevard Bobino', je ne vois pas tellement plus de pertinence dans les noms tels que 'rue de la mésange', ou 'boulevard des oiseaux' ... Je n'ai rien contre eux, mais si une mesange à le droit d'avoir une rue à son nom sans avoir rien fait pour sinon siffloter devant une fenêtre, alors un personnage qui a inspiré des centaines ou des miliers d'enfants, en a tout autant le droit! Voilà!
:3
Excellent!
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