Citations

«Il faut toujours faire confiance aux scénaristes qui lisent.» Alessandro Baricco. Une certaine vision du monde.

lundi 26 août 2019

Au revoir JF, au revoir grand frère !


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Merci pour tout ce que tu as représenté pour moi. Merci de m’avoir précédé en chaque étape de la vie. Je te laisse aujourd’hui me précéder dans la mort.

Merci pour la musique. Merci pour tes disques de Pink Floyd, Jethro Tull, Jimi Hendrix, Simon and Garfunkel, Steppenwolf, CCR, Leonard Cohen et les Moody blues.

Merci pour le seul karaoké que j’ai chanté de ma vie. Born to be wild en duo dans un bar à NDG. Et encore toutes nos excuses aux clients présents ce soir-là.

Merci pour les soirées sur la rue Saint-Denis, notamment au Lézard et au Passeport.

Merci aussi pour tes livres. Merci pour Arsène Lupin, Bob Morane et Georges Orwell. Merci d’avoir passé le réveillon du nouvel an de décembre 1983 à m’avoir si longuement parlé de 1984.

Merci pour les Tintin que tu me prêtais dans les années 1970. Merci d’en avoir discuté avec moi. Merci également d’y avoir caché un jour un numéro de Playboy entre Le Secret de la licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge. Qui sait si tout cela n’a pas avoir avec ma carrière professionnelle. Mon prochain psy me le dira.

Merci encore pour toutes les conneries que tu as faites à l’adolescence (et celles faites par mes sœurs). Quand je suis passé par là à mon tour, disons que papa et maman en avait vu bien d’autres.

Merci pour ton voyage de deux semaines en Europe en 1972. Merci surtout de nous l’avoir raconté pendant les 40 années suivantes.

Merci pour les parties d’échec. Et la dernière qu’on a faite, par correspondance, au début des années 1990. On aurait pu la terminer si on avait réussi à se rappeler à qui c’était le tour.

Merci de m’avoir initié au golf avec papa dans les années 1980. Désolé de ne pas avoir continué. Mais les étés passés à Sainte-Adèle et à l’Estérel demeurent parmi mes plus beaux étés.

Merci pour le recueil de poésie que tu as écrit à 17 ans. 17 ans plus tard, alors que j’avais à mon tour 17 ans, j’ai également écrit et relié à la main quelques (mauvais) poèmes. Je n’oublierai jamais ta face quand tu avais mis la main dessus dans ma chambre. Nous avions tous les deux mis le même titre à nos velléités poétiques : Condoléances.

Merci à nous deux d’avoir détruit ces fascicules de mauvaises poésies. Nous n’étions pas Rimbaud, ni un ni l’autre.

Merci pour toutes les bières et bouteilles de vin partagées au fil des années. Merci pour tous les repas pris en famille.

Merci surtout d’avoir toujours conservé cet esprit de famille si fort chez nous.

Et merci pour cette dernière semaine. On se voyait moins souvent depuis mon déménagement à Gatineau. Je suis très heureux d’avoir pu t’accompagner durant tes derniers jours. J’ai lu cet été le dernier livre de Gil Courtemanche, Je ne veux pas mourir seul. J’avais peur que tu t’éteignes sans la présence d’un membre de ta famille. Merci de m’avoir choisi pour cette dernière épreuve. Merci de m’avoir permis de te tenir la main durant les dernières minutes, les dernières secondes.

Merci finalement pour la sérénité avec laquelle tu as affronté ton dernier voyage. Je sais que tu avais hâte de retrouver ta blonde et que tu es heureux aujourd’hui d’être avec elle. Même si on aurait aimé te garder plus longtemps avec nous.


Embrasse-la de ma part. Embrasse maman. Embrasse papa. Embrasse Gaby.

Merci d’avoir été mon frère. D’avoir été mon grand frère.

Sylvain


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