La citation précédente était tirée de l'ouvrage Culture et contre-cultures de Jean-Louis Harouel publié en 1994 même si la référence nostalgique à Forton pouvait laisser croire à un texte publié durant les années 1930 lors des débuts de l’utilisation du phylactère. En France, c’est Alain Saint-Ogan qui systématise son emploi à partir de 1925. Mais en 1994, affirmer que «la bande dessinée ne requiert pratiquement aucun effort de l’esprit» me paraît quelque peu réducteur. Ainsi que d’avancer que la bande dessinée était plus intéressante et intelligente avant l’utilisation du phylactère.
Ce serait probablement fastidieux de faire une analyse complète de ce texte ici car pour cela il faudrait contextualiser ces propos puisque la question de la bande dessinée occupe 4 pages dans un livre qui en comprend 329. Mais contexte ou pas, le regard condescendant de l’auteur sur la bande dessinée me paraît une belle pièce d’anthologie. En voici un second paragraphe :
«L’esprit n’a aucun effort à fournir [il parle évidemment de la lecture de bande dessinée]. Tout lui est mâché et l’histoire se déroule d’elle-même, sans qu’il faille analyser, réfléchir, s’interroger. On se laisse entrainer par la succession des images. On laisse courir le regard de dessin en dessin et de bulle en bulle. C’est extrêmement agréable et extrêmement peu fatigant. Comparé au livre, avec son texte construit, ses dialogues, ses descriptions, ses analyses psychologiques, ses considérations philosophiques, la bande dessinée constitue la solution de facilité, mais aussi, il faut bien le dire, la solution de débilité. Comparée au livre, elle fait passer étrangement peu de choses. Il s’agit d’un langage pour semi-illettrés, et c’est précisément cela qui fait son attrait.»
Ah oui, il fallait bien le dire ! C’est effectivement ce qui m’a toujours attiré dans la bande dessinée. Je n’ai jamais aimé réfléchir.
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