En attendant la rentrée, sans trop savoir de quoi elle aura
l’air (il semble que si les Cégeps retournent en classe, les universités déjà en grève reconduisent les mandats de grève),
je fais le ménage de mon bureau.
J’ai trouvé 2 feuilles de papier coincées entre 2 dossiers.
Ce sont des notes que j’avais prises lors de la Journée de la valorisation de
l’enseignement à l’UQO en 2010. Des notes de la conférence de Christiane Melançon, ma collègue en traduction et rédaction qui est décédée l’année
dernière à l’âge de 52 ans.
C’est idiot comment un vieux papier froissé peut remuer des
souvenirs et faire surgir toute une gamme d’émotion.
Lorsque j’ai été engagé en 1999, les professeurs en arts et
en lettres se côtoyaient à l’intérieur du département des sciences de
l’éducation. Lors de ces premières
années, nous avons tenté de former un département conjoint entre les arts et
les lettres. Ce qui n’a pu se faire, notamment en raison des laboratoires et ateliers
qui se retrouvaient dans les deux pavillons. Cela aurait été trop coûteux de
déménager l’un ou l’autre des secteurs. Les Lettres ont créé leur département
en 2002 et nous avons fondé l’ÉMI en 2003.
J’ai souvent côtoyé Christiane par la suite. Elle avait un
projet de création d’un programme en littérature et m’en parlait parfois
sachant que mes études étaient en études littéraires. Je ne sais pas où en est
ce projet aujourd’hui.
Notre amour de la littérature et du livre nous a amenés à
nous croiser à plusieurs reprise au Salon du livre de l’Outaouais, au Prix
littéraire Jacques-Poirier et sur différents comités et/ou réunions culturelles
et/ou universitaires.
Nous étions également directeur et directrice de nos
départements respectifs à une certaine époque.
Puis, à l’hiver 2010, elle avait accepté de collaborer avec
moi (et avec plusieurs autres partenaires)
pour l’organisation d’une conférence sur la littérature haïtienne afin de
ramasser des fonds suite au tremblement de terre de janvier 2010. En mars de
cette année, Stanley Péan était venu à l’université pour présenter une fort
intéressante conférence.
J’étais au Viet Nam en juin 2011 lorsque j’ai appris son
décès et je n’ai pas pu assister aux funérailles. Je n’ai donc pu lui dire au
revoir. Mais je pense souvent à elle. Je suis heureux d’avoir retrouvé ces
notes. Je les partage ici, en vrac.
Merci Christiane.
Les trucs du métier et les erreurs à éviter
Elle avait débuté sa présentation avec une citation de
Pierre Bourgault : «Un bon professeur transmet la passion et le doute.»
Ce qu’un professeur doit se dire : Je ne sais pas tout,
mais je connais ma matière et surtout, j’ai appris à apprendre.
Se rappeler ce que c’est de ne pas savoir.
Déconstruire la connaissance et la reconstruire pour
l’étudiant et avec l’étudiant et non pas seulement devant
l’étudiant.
Les erreurs à éviter.
Le manque de préparation, le doute mal placé; la complexité
mal à propos.
La distance mal gérée. Trop loin des étudiants :
arrogance et mépris. Trop près des étudiants : l’erreur du professeur trop
copain.
La négociation.
La réduction des exigences.
Le dénigrement des étudiants, des collègues, de
l’université.
Les ambiguïtés dans le discours et le comportement.
L’obstination.
Je me souviens qu’il est ressorti de cette conférence, un grand
respect de Christiane envers ses étudiants.
Je complète avec des notes tirées de l’autre feuille qui
accompagnait celle de Christiane. Autre erreur à éviter : bien prendre en
note les sources et ne pas laisser des feuilles flotter en dehors des dossiers.
Je ne parviens pas à me rappeler de l’auteur de la conférence d’où sont tirées
ces notes. Mais je les conserve, car je les trouve importantes.
L’attitude du professeur : fierté de ce que l’on sait
et humilité de ce que l’on ignore dans le respect de l’autre.
Les étudiants sont ignorants : je sais des choses qu’ils
ne savent pas. L’ignorance est un manque de connaissance, pas une maladie. Nous
sommes toujours l’ignorant de quelqu’un.
Les étudiants sont savants : ils savent des choses que
j’ignore.
Réponse : l’amateur a réponse a tout, tout de suite. Le
professionnel commence pas «ça dépend» et va poser une série de questions.
Maintenant que ces notes sont sur ce blogue, je ne peux plus
les perdre.
Et j’ai bien hâte de retrouver mes étudiants afin de partager tout cela. Que ce soit en
classe ou dans la rue.
Et encore merci Christiane.
Merci Sylvain!
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