Je ne savais pas qu’il y avait un nom pour cela. Mais
j’ai vu passer cela sur Facebook la semaine dernière. Et j’ai enfin compris ce
qui me tarabustait depuis que je suis petit.
J’ai toujours eu de la difficulté à reconnaître
les visages. Je dois souffrir de prosopagnosie légère. Lorsque je vois
quelqu’un que je ne croise pas à tous les jours ou lorsque je rencontre
quelqu’un dans un contexte que je ne suis pas habitué, par exemple, un employé
de l’université à l’épicerie, j’entame souvent des conversations sans savoir à
qui je m’adresse. Et mon métier m’amène à rencontrer beaucoup, beaucoup de
personnes.
Mes stratégies de reconnaissance, ce sont des
phrases, des illusions que je lance comme on va à la pêche en espérant avoir
une réaction qui va me permettre de replacer cette personne dans le bon
contexte.
Je me suis toujours senti mal avec cela parce que
j’ai toujours peur que l’on me trouve distant, hautain voire prétentieux. Ce
que je ne suis pas.
Et la bande dessinée dans tout cela ?
Peut-être que j'aurais pu étudier et faire carrière dans le cinéma.
Mais depuis que je suis tout petit j’ai été confronté à
des problèmes cinématographiques à cause de cette prosopagnosie. J’ai souvenir d’un film, français, que nous
étions allés voir à plusieurs autour de 13-14 ans. Je ne me souviens pas du
film, mais c’était un thriller avec un coup de théâtre à la dernière scène. Le
méchant enlevait son masque et tout le monde de s’écrier : «Alors, c’était
lui, le coupable ?» Nous sommes sortis du cinéma et tous mes amis semblaient
enchantés par le film et sa fin surprenante. Et moi, je n’osais rien dire parce
que je n’avais aucune idée de qui était le personnage qui s’était ainsi révélé
à la toute fin. Pour moi, c’était quelqu’un qui apparaissait soudainement sans
avoir été présent dans les scènes précédentes. Alors que, appris-je suite à des
questions subtiles que j’avais réussi à placer sans que ne soit trahie mon
incapacité à reconnaître les acteurs, c’était le personnage principal du film.
Je me rabattais donc sur la bande dessinée qui
était, pour moi, beaucoup plus facile à décoder.
Premièrement, parce que je pouvais revenir en
arrière et relire les pages précédentes (je parle d’un temps se situant avant
la commercialisation de la cassette vidéo) et deuxièmement, comme l’écrit fort
à propos Thierry Groensteen dans Le
système de la bande dessinée, le dessin narratif possède différentes
caractéristiques dont la typification qui est: «(…) la simplification en tant qu’elle s’applique aux
personnages. L’abréviation du personnage à quelques traits pertinents assure sa
caractérisation et, partant, son identification immédiate. La houppe de Tintin,
la casquette et la boucle d’oreille de Corto Maltese, sont parmi les emblèmes
les plus célèbres de cette stratégie graphique.» (pages 190-191). (On peut lire
aussi son ouvrage paru chez Mosquito, Lignes
de vie. Le visage dessiné).
CQFD.
Et maintenant, quand
je rencontrerai quelqu’un que je ne reconnais pas, je pourrai dire : «Ce
n’est pas du snobisme, c’est de la prosopagnosie !»
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerPour ta prosopagnosie... passe me voir dans mes labos et je te dirai :)
RépondreSupprimerDaniel
Ok. ;-)
RépondreSupprimerC'est vrai, Rosaura m'avait déjà mentionné que tu cherchais des gens avec ce genre de trouble.