Je crains sincèrement
les impacts d’une hausse des frais de scolarité sur le programme en bande
dessinée que j’ai aidé, avec d’autres, à mettre au monde en 1999. Je suis très
fier de ce que nous avons réalisé à l’ÉMI avec ce programme. Il y a 10 jours
(une éternité me semble-t-il) j’étais au Festival de bande dessinée de Québec.
J’en ai retiré une très grande fierté de voir le nombre très élevé de diplômés
et diplômées de l’ÉMI qui ont fait leur place ces dernières années dans le
milieu. Cela justifie aisément, selon moi, le rôle et la qualité de notre
formation.
Mais qu’arrivera-t-il
après une hausse aussi drastique des frais de scolarité sur notre capacité à
attirer des étudiants et des étudiantes ? Le calcul est simple. Plus les frais
sont élevés, plus l’endettement étudiant sera grand. Or, les futurs candidats
risquent de choisir des formations universitaires qui vont leur garantir des
revenus plus importants une fois leurs études complétées. Il me semble que des
formations en bande dessinée, en arts visuels, en philosophie, en études
littéraires etc. vont écoper suite à cette décision gouvernementale.
De plus, comme nous
sommes la seule université à offrir le programme en bande dessinée, la majorité
de nos étudiants et étudiantes proviennent des quatre coins de la province.
Souvent, ils doivent s’exiler pour suivre leur formation. Ils ne peuvent
habiter chez leurs parents et les frais encourus sont plus grands. C’est ce que
j’ai entendu à plusieurs reprises à Québec.
Tout cela j’en ai
toujours été convaincu. Et j’en ai eu la confirmation dernièrement. J’ai
rencontré un de mes anciens étudiants durant la grève, Marc Michaud. Marc est
originaire de l’Alberta et a suivi la première année du programme il y a de
cela plusieurs années. Mais il a abandonnée après cette première année. C’était
un étudiant plein de potentiel. Ceux qui suivent le programme depuis ses débuts
se remémoreront peut-être le fanzine Nom
d’un chien qu’il avait créé avec son frère Daniel et Andrée-Julie Tardif.
Ce fanzine avait retenu l’attention de différents professionnels du milieu de
par ses qualités graphiques et narratives, surtout qu’il était l’œuvre
d’étudiants de première année.
Mais Marc a abandonné
ses études. Je continue de le voir à l’occasion. Ne pouvant être son
professeur, je lui sers de «coach» dans la mesure de mes moyens. J’étais chez
lui il y a 2 semaines pour lui remettre une lettre de recommandation pour une
demande de bourse. Nous avons discuté de la grève et des frais de scolarité.
Probablement que j’avais mon carré rouge sur moi. Il m’a avoué que sa décision
d’interrompre ses études émanait de la trop grosse charge financière qui lui
était demandée. Marc devait, à l’époque, payer les frais de scolarité
albertains. Et qu’à près de 4 000 dollars par année, cela représentait un coût
trop grand surtout en regard des possibilités d’emplois à la sortie de
l’université. Aujourd’hui, maintenant qu’il habite au Québec, il pourrait
revenir à l’université. Mais avec une famille, cela complique les choses. Et la
hausse prévue va nous rapprocher dangereusement des frais demandés en Alberta.
Marc continue de faire
de la bande dessinée. Ça ne prend pas obligatoirement un diplôme pour en faire.
Mais j’ose espérer que la hausse des frais de scolarité ne nous fera pas perdre
trop d’étudiants et d’étudiantes comme Marc qui désirent faire de la bande
dessinée et suivre une formation universitaire de qualité.
Je continuerai à me
battre parce que l’éducation c’est un droit et non un privilège. Je continuerai
à me battre pour moi. Pour mes étudiants et étudiantes en bande dessinée. Pour
tous les étudiants et étudiantes.
Je vous lis avec bonheur. Moi aussi, je mise sur notre jeunesse et ne souhaite rien moins qu'une gratuité totale de la maternelle à l'université. Ça ne sera pas pour tout de suite mais ça viendra. En 2012, les étudiants avec l'aide d'un gouvernement obtus auront mis la table pour des changements notables,qui viendront à leur heure. En attendant, leur solidarité m'impressionne, celle de beaucoup de profs aussi. Ajoutons à cela, les appuis citoyens et nous pouvons espérer pour l'avenir.
RépondreSupprimerJe veux pour mes petits-enfants ce que je n'ai pu avoir en mon temps faute de fric.