«En conformité avec l’ordonnance rendue aujourd’hui par la Cour supérieure, la direction de l’UQO informe les membres de sa communauté universitaire de Gatineau qu’au lieu d’offrir ses cours de façon normale, elle prendra les mesures raisonnables requises afin de permettre à ses étudiants de poursuivre leur apprentissage par tout autre moyen que les cours en présence, dont, notamment, par voie électronique, et ce, dans le respect de la liberté académique, de la finalité des programmes et en tenant compte des contraintes logistiques.»
Nous devons donc donner nos cours à distance. J'ai de la difficulté à concevoir ce que je vais faire avec les 2 cours que j'enseigne : «Synthèse en bande dessinée» et «Scénarisation du récit en images». Ce sont des cours-ateliers. À cette étape-ci de la session, ce sont des rencontres individuelles que je devrais faire avec mes étudiants afin de suivre l'évolution de leurs travaux. Je leur demande d'envoyer des croquis par courriel ? C'est parfois déjà assez difficile à lire sur papier. Je leur demande de numériser leurs planches et de me les envoyer ? Pour cela les étudiants devront se rendre à l'université pour utiliser le grand scanner du laboratoire informatique. J'ai aussi 4 étudiants qui n'ont pas fait leur exposé oral. Je crois que je vais leur demander de le faire par écrit.
Les profs de l'ÉMI vont devoir faire preuve d'une grande imagination pour donner des cours de dessin, de sculpture et de performance à distance.
De retour en cour vendredi prochain. Il semble que la juge ait refusé d'entendre le syndicat des professeurs parce que nous ne sommes pas partie prenante du dossier. Si l'université se voit dans l'obligation de donner des cours, il me semble que les profs devraient alors être considérés comme partie prenante du dossier. Mais visiblement je n'y connais pas grand chose en question de Droit.
Ce que je ne comprends pas non plus, c'est comment on peut respecter le vote de grève démocratique des étudiants. J'envoie un courriel à tous les étudiants du cours en leur demandant s'ils veulent ou non recevoir des instructions et/ou de la matière et, par la suite, j'envoie tout cela à ceux qui le désirent ? Quant aux autres, ils peuvent continuer leur «boycott» à distance. J'emploie les guillements, bien sûr.
Ce que je sais c'est qu'ils étaient plus de 1 000 étudiants à voter pour la reconduction de la grève en assemblée et que tout cela s'est fait dans les règles (voir la lettre de mon collègue Jacques Boucher dans «Le Droit» d'hier). Ce que je sais aussi c'est que le Syndicat des professeurs a adopté une résolution appuyant le mouvement de grève des étudiants. Ce que je sais c'est que je ne sais plus comment respecter ces décisions démocratiques et que je ne sais plus quoi faire pour vivre en adéquation avec mes principes et mes valeurs.
Il n'y aura pas grand monde à l'université cette semaine. Moi, je serai à mon bureau. Parce que je dois travailler à imaginer des cours à distance. Et parce que je dois travailler sur les autres composantes de ma tâche (recherche, administration et services à la collectivité). Et parce que je ne suis pas installé pour travailler à la maison. Et parce que tous mes livres et dossiers sont à l'université.
J'y retourne. Et je remets mon carré rouge.
Très touché par ce que je lis (et dont nous n'avons pas eu vent en France), choqué aussi; et je vous souhaite bon courage dans ces évènements.
RépondreSupprimerAmicalement, Ju'