Or, en regardant ce que l’on appelle «le conflit étudiant»,
il me semble de plus en plus deviner une certaine fin et cela m’inquiète. Il
semble bien qu’il y ait un scénariste derrière la stratégie du Parti Libéral et
il semble avoir mis la table afin de préparer des élections.
Ce parti va se dire incapable de résoudre le conflit à cause
de l’intransigeance des étudiants et va s’en remettre à l’électorat afin que ce
soit les électeurs qui décident du bien fondé ou du rejet de la hausse des
frais de scolarité.
Or, il pourrait bien remporter les prochaines élections. On
parlera moins de corruption et des dossiers qui ont entaché la crédibilité du
Parti Libéral ces dernières années et Jean Charest se présentera comme celui
ayant tenu tête aux têtes fortes et aux têtes folles estudiantines.
Et une grande partie de la population va le suivre sur ce
sentier. Surtout ceux qui ne s’abreuvent qu’à certains médias traditionnels. Surtout
qu’il ya en ce moment des nouvelles beaucoup plus importantes, tel l’embauche
d’un nouveau directeur général pour le Canadien de Montréal. Un gouvernement libéral réélu aura alors beau jeu de dire qu'il a toujours eu raison dans ce conflit.
Quant aux étudiants, bien qu’ils soient nombreux, ils ne
pèseront pas assez lourds dans la balance. Et tous ceux derrière le mouvement ?
Les profs contre la hausse ? Les artistes contre la hausse ? Les intellectuels
contre la hausse ? Les écrivains contre la hausse ? Une bande de barbus
gauchistes qui n’auraient pas, de toute façon, voté pour le Parti Libéral.
J’ironise. Alors, la stratégie me semble de plus en plus claire. Il y a vraiment
un scénariste derrière tout cela.
Tout cela me déprime ce soir. Le goût amer d’avoir
l’impression de faire le jeu du Parti Libéral. J’espère sincèrement me tromper.
En attendant, pour me changer les idées, je vais aller écouter un peu de
musique. Du Renaud, tiens. «Hexagone». Ça parle d’un certain mois de mai.
«Ils se souviennent au mois de
mai
D’un sang qui coula rouge et noir
D’une révolution manquée
Qui faillit renverser l’histoire
Je me souviens surtout de ces
moutons
Effrayés par la liberté
S’en allant voter par millions
Pour l’ordre et la sécurité»
Rien à faire. Toujours déprimé.
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